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MARUSHKA TZIROULNIKOVA

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CHAMANISME ET FOLKLORISATION

Depuis plusieurs décennies, le terme chamanisme est devenu une référence courante pour désigner un ensemble de pratiques spirituelles liées à la communication avec le monde invisible. Cependant, cette dénomination, largement diffusée dans les milieux académiques, médiatiques et ésotériques, soulève une question essentielle : pourquoi avoir choisi ce terme plutôt qu’un autre, issu des langues et cultures spécifiques, et quelles en sont les implications ?
L’origine de chaman vient de chama, un mot utilisé par les peuples de Sibérie, notamment les Tungus et les Evenks. Il désignait ces figures spirituelles capables d’entrer en transe, de voyager dans des mondes invisibles et d’intercéder entre leur communauté et le royaume des esprits. Au 19e siècle, avec le développement de l’ethnologie, ce terme a été popularisé en Occident lors d’études sur divers peuples indigènes d’Asie, d’Amérique ou d’ailleurs.
Ce qui a véritablement lancé le mot chamanisme dans le vocabulaire scientifique, c’est l’intervention de Mircea Eliade. Dans son ouvrage "Le Chamanisme et les Techniques de l’Extase" (1951), cet historien des religions a voulu démontrer qu’au-delà de leurs différences culturelles, diverses pratiques spirituelles partagent une structure fondamentale commune : l’utilisation de la transe, le voyage dans des mondes invisibles, la médiation avec les esprits, et la quête de guérison ou de connaissance. En proposant le terme chamanisme comme un concept universel, Eliade facilitait la comparaison interculturelle et la réflexion sur cette expérience humaine transversale.

Néanmoins, cette large utilisation du terme a aussi ses limites. En regroupant sous une même étiquette des pratiques très diverses, elle risque de simplifier à l’extrême des réalités culturelles complexes, souvent profondément enracinées dans des cosmogonies spécifiques. Ce qui, dans leur contexte d’origine, constitue une pratique précise, une tradition ou un rituel sacré, devient dans le discours occidental une norme généralisée, parfois déconnectée de ses racines culturelles. Résultat : une certaine folklorisation ou commercialisation de ces pratiques, qui tend à réduire leur richesse à une simple image exotique ou ésotérique. La folklorisation, en ce sens, désigne ce processus de simplification et de décontextualisation, visant à rendre ces pratiques plus accessibles ou attrayantes, mais souvent au prix de leur authenticité et de leur profondeur.
Le choix du mot chamanisme comporte donc des avantages, notamment sa capacité à établir un langage commun qui favorise la communication et la compréhension globale. Cependant, cette généralisation présente aussi des risques. Elle peut contribuer à une essentialisation des pratiques, à leur décontextualisation, voire à leur déformation, en occultant la diversité et la spécificité de chaque tradition. Il devient alors crucial de rester critique face à cette étiquette, afin de respecter la complexité culturelle et symbolique des différentes approches.
Certaines voix privilégient aujourd’hui l’utilisation de termes plus précis ou localisés, comme "pratiques de médiation", "rites de guérison", ou encore en mentionnant explicitement la culture ou la tradition concernée. Cette démarche vise à préserver la richesse et la diversité des expressions, tout en favorisant une approche respectueuse et contextualisée. Elle permet aussi d’éviter la réduction de pratiques complexes à une simple catégorie universelle.
En conclusion, si le mot chamanisme a permis de mettre en lumière une expérience humaine universelle, il doit être utilisé avec discernement. Derrière cette notion se cachent une multitude de pratiques, de visions du monde et de responsabilités culturelles qu’il est essentiel de respecter. La véritable richesse réside dans la reconnaissance de cette diversité, tout en restant conscient que la capacité à dialoguer avec l’invisible est une facette universelle de l’humain. Le terme chamanisme demeure un outil utile, mais à manier avec conscience, respect et sensibilité pour honorer la complexité de chaque tradition.
© Le Verbe Guérisseur - Marushka Tziroulnikova

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