LE VERBE GUÉRISSEUR
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MARUSHKA TZIROULNIKOVA

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DANS L'OMBRE DES VIVANTS

Il fait froid, un vent cinglant fige tout ce qui croise sa route. La place rouge est vide, ou presque. Seule une femme, tout de noir vêtue, le dos courbé, la traverse à pas pressés et prudents. Le sol est gelé, ce serait une folie de courir. Le jour s’assombrit de plus en plus et les sons émanant de la passante résonnent dans le silence pesant. Respiration haletante, frou-frou des jupons qui se caressent les uns les autres, crissement du verglas sous les semelles des chaussures. Soudain, un croassement, un unique croassement. La femme sursaute et lève la tête, son regard se fixe sur l’oiseau qui la toise depuis la muraille du Kremlin.
- Je sais que tu es là, dit-elle en s’adressant à l’animal. Je sais que tu me suis partout où je vais. Oiseau de malheur, messager du sombre futur qui s’en vient.
La femme rabaisse son visage rougi par le froid et reprend sa marche.
- Je sais bien ce que tu annonces, maugrée-t-elle encore.
Elle s’arrête à nouveau et se tourne vers l’animal. Ses yeux d’un bleu profond lancent presque des éclairs au volatile. Elle hausse le ton tout en levant son poing ganté vers lui :
- Mais tu ne m’empêcheras pas d’accomplir ma mission, tu m’entends ? Je trouverai Nikolaï, je parviendrai jusqu’à lui. Rien ni personne ne m’en empêchera. Je lui répéterai ce que Grigori m’a dit cette nuit. Le Tsar m’écoutera et sa vie sera sauvée. La sienne et celle de toute sa famille.
L’oiseau regarde la femme de ses petits yeux sombres, il sait qu’elle ne peut pas l’atteindre. Celle-ci crache alors par terre et déterminée, elle se remet en route. Submergée par ses pensées, presque totalement enfermée dans son monde intérieur, la passante ne sent pas l’air glacé lui mordre les joues. Elle se parle à elle-même. Sa voix est basse, c’est presque un murmure et celle-ci est pourtant audible, comme si elle résonnait dans l’atmosphère surréaliste du lieu et de l’instant.
- Je sais bien qu’ils riront. "Raspoutine est mort, Katinka", me diront-ils. Je sais bien que Grigori est mort, je ne suis pas folle. Pauvre Grigori. Heureusement qu’il m’a, moi. Tout le monde l’a presque oublié, c’est une honte. C’est depuis qu’il est mort que Grigori vient me voir la nuit, quand je dors. Il sait tout, il voit tout. Il faut que je me dépêche, il n’y a pas de temps à perdre.
La femme trébuche mais ne tombe pas. Elle réussit - mais par quel miracle ? - à conserver son équilibre. Elle continue à longer l’enceinte pour rejoindre la tour Kutafiya, accès principal pour entrer au Kremlin. Le bruissement des ailes du corbeau ainsi qu’un nouveau croassement signale à la femme, si elle l’ignorait encore, que le volatile suit bien ses moindres faits et gestes.
- Je me moque bien de ce que tu penses, traître ! vocifère-t-elle à nouveau à l’intention de l’animal.
Des images traversent son esprit : elle voit l’arrestation du Tsar, de la Tsarine et de leurs enfants par les bolchéviques, leur mise en détention, leur assassinat, leurs corps jetés dans des trous creusés à même le sol, la chaux vive et le vitriol dont on les recouvre pour les rendre méconnaissables. Des larmes perlent aux yeux de la passante, son dos se voûte un peu plus qu’il ne l’est déjà, mais elle avance, encore. Elle sait qu’il lui faut aller jusqu’au bout, elle sait qu’elle doit accepter de sacrifier sa vie pour sauver celle de la Mère Patrie. Comme c’est étrange, ce silence. Partout où elle est passée, elle n’a rencontré personne. Serait-ce le calme avant la tempête ? Où sont donc les gens ?
Le ciel anthracite est complètement exempt de tout nuage. La lune, pleine, semble y avoir été accrochée par une main invisible. L’astre éclaire abondamment la ville comme s’il fallait que la nuit ne tombe jamais plus et pourtant, c’est bien une chape de plomb qui est en train de s’abattre sur le pays.
La femme poursuit son chemin et atteint rapidement la tour Kutafiya. Elle regarde autour d’elle, aucun soldat de la garde impériale n’est là pour l’arrêter et la questionner. Elle traverse à la hâte le pont qui la sépare de la tour Troitskaya et tourne directement sur la droite. En moins de cinq minutes, elle aura rejoint le Grand Palais. Elle va pouvoir avertir Nikolaï de ce qui se trame. Le Tsar l’écoutera, elle en est certaine. Et s’il ne l’écoutait pas ? Peu importe, elle parlera alors à Alexandra Feodorovna, la Tsarine, l’amie et la protectrice de Grigori. Oui, mais Raspoutine a bien été assassiné et Alexandra n’a rien pu faire pour empêcher ce désastre. La Russie est en train de mourir. Katinka frisonne plus de désarroi que de froid. Alors qu’elle est maintenant devant la lourde porte du Grand Palais, elle regarde encore autour d’elle. Personne, définitivement. Elle frappe de ses deux poings contre le lourd battant. Elle frappe encore, de toutes ses forces et des cris accompagnent les coups :
- Ouvrez ! Ouvrez-moi ! Je dois parler au Petit Père du peuple. Vite, faites vite, j’ai froid, j’ai si froid. Ouvrez-moi, je vous en supplie, il sera bientôt trop tard.
Aucune réponse. Aucun mouvement pouvant lui signifier que quelqu’un l’ait entendue. Elle tombe alors à genoux et laisse aller sa tête contre la porte qui reste irrémédiablement close. Désespérée, épuisée, tout son être n’est que sanglot.

- Babouchka ? Babouchka ? Tu vas bien ?
La vieille sursaute dans le fauteuil où elle s’était assoupie. Elle baisse son regard sur deux paires d’yeux qui la scrutent avec intensité.
- Tu vas bien Babouchka ? la questionne un jeune garçon.
- Tu vas bien Babouchka ? répète la fillette qui se tient à côté de lui.
- Allons les enfants, laissez Babouchka tranquille. Allez jouer, je m’occupe d’elle.
Une femme d’à peine trente ans s’accroupit à côté du fauteuil et pose sa main sur l’avant-bras de son occupante. Les enfants détalent en riant.
- Tu as encore fait un mauvais rêve, Babouchka ?
Le visage de la femme est auréolé de fins et abondants cheveux blonds, ses yeux sont d’un bleu aussi profond que le sont ceux de son arrière-grand-mère. Son habituelle expression douce a cédé la place à une légère inquiétude.
- Comme tu es belle, Tatiana, lui répond la vieille dame en caressant du dos de sa main la joue de son arrière-petite-fille. Mais ce n’était pas un rêve, tu le sais bien. C’était un souvenir.
- Babouchka, tu sais que c’est impossible. Ce ne peut pas être un souvenir. C’est un rêve, un rêve récurrent. C’est toujours le même, non ? Rien ne change, rien n’évolue, n’est-ce pas ?
- C’est bien pour cela que je peux t’affirmer qu’il s’agit d’un souvenir, Tatiana. On ne peut pas changer un souvenir. Il reste à jamais tel qu’on l’a vécu.
La jeune femme soupire légèrement. Rêve ou souvenir, son aïeule semble arrêtée à une période du passé définitivement révolue. Et alors ? Est-ce si grave qu’elle reste ainsi dans son monde ?
- Tatiana ! C’est bon, vas-y. Je prends la relève.
Une femme âgée, vêtue avec goût, approche. Elle s’aide d’une canne pour marcher, une canne noire à pommeau doré. La jeune femme se lève et dépose un baiser délicat à la racine des cheveux de son ancêtre. En passant à côté de la femme qui vient d’arriver, elle s’arrête pour déposer cette fois un baiser sur la joue ridée de sa grand-mère. Elle disparaît ensuite dans une autre pièce où semble régner un joyeux désordre.
- On dirait un ange, n’est-ce pas ? dit la vieille assise dans son fauteuil.
La nouvelle arrivante ne répond pas à sa question.
- Mère, il faut que tu cesses de raconter ce rêve aux enfants. Tu vas finir par leur faire peur.
La femme tire une chaise près du fauteuil et s’assied dessus.
- Ce n’est pas un rêve, Svetlana, je te l’ai déjà dit. C’est un souvenir. Mais pourquoi donc personne n’accepte de me croire ? continue l’aïeule dans un mouvement d’humeur. Vous pensez donc tous que j’ai perdu la tête, c’est cela ?
- Mère, tu es née en janvier 1917 et dans le rêve dont tu nous parles depuis tant d’années, tu as quarante ans en janvier 1917. Tu comprends ? Tu ne peux pas à la fois être un nourrisson et une femme adulte, c’est juste une question de bon sens.
- Je ne sais pas comment c’est possible, mais c’est pourtant vrai. Je ne me souviens pas des premières années de ma vie, Svetlana, mais je me souviens très bien des dernières. Je me souviens de tout.
- Mais oui, Mère, je sais. Tu te souviens des Romanov, de Raspoutine, des bals au Grand Palais.
- Parfaitement, je me souviens de tout, ma fille. J’étais proche de la famille impériale et la Tsarine Alexandra Feodorovna appréciait tout particulièrement ma compagnie. Ô Svetlana, si tu avais pu voir cela. Les lumières dans la salle de bal, les musiciens qui interprétaient les valses sur lesquelles nos cavaliers nous faisaient tournoyer. Comme ils étaient beaux tous ces hommes en uniforme. C’était magnifique. Et puis il y avait d’autres soirées, des soirées plus mystérieuses, plus mystiques. Celles au cours desquelles Raspoutine pratiquait son art. T’ai-je déjà dit que j’étais si proche de la Tsarine que j’ai été une des seules à la soutenir lorsque Grigori a été assassiné ?
- Oui Mère, tu me l’a déjà dit.
Sans même écouter la réponse de sa fille, l’aïeule poursuit :
- Je suis certaine que c’est pour cette raison qu’il est venu me voir par la suite, la nuit, dans mes songes. Il n’y a qu’à moi qu’il continuait à délivrer ses messages. Sans doute parce qu’il me faisait entièrement confiance.
- D’accord Mère, je n’insiste pas. Le fantôme de Raspoutine venait te voir la nuit. D’accord, je veux bien l’admettre, mais rêve ou souvenir, arrête de parler de cela aux enfants s’il te plaît. Tu vas vraiment finir par les effrayer.
La vieille femme s’anime dans son fauteuil.
- Les effrayer ? Mais pourquoi donc seraient-ils effrayés ? Parce que je leur parle de fantômes ? De ces êtres qui existent encore, qui sont là, parmi nous, au quotidien, et que seuls les plus sensibles peuvent voir et communiquer avec eux ? Parce que je leur parle de leur passé, de leurs racines, de l’histoire de leur famille ? Les enfants doivent savoir ce que les bolchéviques ont fait à leurs ancêtres. Ces assassins ont fait la révolution pour que le peuple cesse de mourir de faim et quel a été le résultat ? Encore plus de misère et d’affliction. Ils ont tout contrôlé, les faits et gestes de tout le monde et au bout du compte, les Russes ont-ils été plus heureux ? Avec le Tsar, Svetlana, il y avait peu de gens malheureux. Chacun se contentait de son sort, certains étaient heureux, d’autres ne l’étaient pas. Mais avec les bolchéviques, tous les Russes ont été malheureux, tu m’entends ? Tous ! Au début, les pauvres s’étaient réjouis des changements, mais lorsque que Lénine a commencé à imposer sa loi, et Staline par la suite, ils ont vite déchanté. Ils avaient perdu un monarque de droit divin pour se retrouver avec un dictateur auto-proclamé qui les a maltraité pire encore que ne l’avait fait Ivan en son temps.
Katinka s’anime tel un volcan prêt à entrer en éruption. Elle poursuit sans presque reprendre son souffle :
- Et sais-tu comment ils les ont tués ? Le sais-tu seulement ? Ce que l’on nomme exécution a été un véritable massacre. Une boucherie, tu m’entends ? Lorsque le Tsarévitch blessé par balle a tenté de ramper vers la porte pour s’enfuir, ils l’ont achevé à coups de crosse. Un enfant, Svetlana. Un enfant. À coups de crosse. Mon Dieu, quelle horreur !
La vieille femme pleure maintenant à chaudes larmes.
- Mère, arrête s’il te plaît. Tu te fais du mal à ressasser tous ces souvenirs. Je ne veux pas que nous parlions de cela ce soir. Pas aujourd’hui. Te rappelles-tu que nous sommes le 6 janvier et que nous sommes en 2020 ? Nous avons toujours respecté la tradition orthodoxe et cette année encore nous la respecterons. Aujourd’hui, c’est Noël. C’est une fête de paix et d’harmonie. C’est le retour de la lumière, Mère. Le temps a passé, laisse l’ombre et ses fantômes, tout du moins pour ce soir. Tu veux bien faire ça pour nous ? Et pour toi ?
Pour toute réponse, l’aïeule bougonne dans son fauteuil.
- Allons rejoindre les autres, tu veux bien ? insiste Svetlana.
L’aînée des deux femmes prend appui sur les accoudoirs du fauteuil et se lève presque sans aucun effort tandis que sa fille, s’aidant de sa canne, se remet péniblement debout. Sa mère la regarde.
- Quel âge as-tu ?
- J’ai quatre-vingt-un ans, Mère.
- C’est moi la plus âgée de nous deux et c’est toi qui a besoin d’une canne pour marcher, fait-elle remarquer à son enfant. Et tu oses me dire que je perds la tête en plus ? Allez, prends mon bras ma Fille, c’est encore moi qui vais te supporter, comme je l’ai toujours fait.
En réprimant un sourire, la femme prend le bras de sa mère.
- Tu es injuste Mère, mais tu sais que je t’aime, n’est-ce pas ?
- Mais oui, je sais, répond la vieille en regardant droit devant elle.
Les deux femmes quittent le petit salon et se retrouvent dans l’embrasure de la porte qui ouvre sur une large salle-à-manger dans laquelle règne un joyeux brouhaha. Plusieurs jeunes enfants courent dans tous les sens, totalement absorbés par un jeu dont ils sont les seuls à connaître les tenants et aboutissants. La famille est réunie, au grand complet. Katinka, l’aïeule de cent-deux ans regarde avec fierté sa descendance tandis que sa fille, son unique enfant, lui tient toujours le bras. Svetlana a eu deux filles : Natalya et Tamara. Toutes deux ont eu également deux filles. Tatiana est l’une d’entre elles. Il aura ensuite fallu attendre la cinquième génération pour que naissent des garçons.
La pièce est éclairée par une multitude de lumières dorées et scintillantes. Un sapin, dont le sommet atteint le plafond, diffuse son parfum de résine. Il est chargé de boules de verre irisées et de guirlandes colorées. Un amoncellement de paquets cadeaux s’étale sous les branches les plus basses. Le feu crépite dans la cheminée en pierre de taille. L’on peut entendre, par intermittence, le bois qui éclate et qui siffle, et puis l’odeur des arbres fruitiers qui se consument dans l’âtre. L’on ressent aussi le rayonnement des flammes qui diffuse dans la pièce sa chaleur à la fois douce et intense. Une immense table en bois massif trône au centre de la pièce et celle-ci est décorée selon la tradition orthodoxe. Sur une nappe blanche, immaculée, a été déposé du foin qui rappelle la crèche dans laquelle est né l’enfant-roi. Les douze plats traditionnels faisant référence à la Cène, le dernier repas du Christ, sont également prêts à être dégustés et l’on retrouve parmi eux l’incontournable koutia, mais aussi des blinis, des plats de poissons, des pieds de bœuf en gelée, du porcelet farci, du saucisson artisanal, du bœuf braisé, des pirogui, du pain d’épice, des biscuits au miel et au pavot, de l’aspic et des ouzvars préparés à partir de différents fruits. Un parfum un peu entêtant d’épices s’élève au dessus des plats chauds réveillant les estomacs qui ont fait carême toute la journée.
- Babouchka est là ! Babouchka est là ! Nous allons pouvoir nous mettre à table ! s’écrie Viktor, le plus jeune des arrière-petit-fils de Katinka.
- As-tu faim mon garçon ? le questionne la vieille dame en souriant.
- Oh oui Babouchka ! répond l’enfant.
Il se tient déjà au bord de la table et pour tenter d’avoir une vue d’ensemble, il se hisse sur la pointe des pieds, ses petites mains s’accrochant au plateau. La scène fait rire tout le monde. Andreï, son père, l’attrape, le soulève et l’assied sur la chaise surélevée qui lui est destinée. Tandis que tout le monde se rapproche de la table et se tient debout derrière le dossier de son siège, Luka, le mari de Tatiana, offre son bras à l’arrière-grand-mère de son épouse pour l’accompagner à sa place. Lentement, alors que règne le silence - même les jeunes enfants sont calmes, conscients peut-être de la solennité de l’instant - Katinka rejoint le lourd fauteuil en bois sculpté qui lui est destiné. Tandis que Luka déplace légèrement le siège pour inviter l’aïeule à s’asseoir, celle-ci reste debout et pose ses mains sur la table en regardant l’assemblée. Elle fronce un peu les sourcils et plisse ses yeux bleus qui n’ont rien perdu de leur vivacité au cours des années écoulées. Au-delà des bougies qui éclairent la table, parmi les nombreux membres de sa lignée, elle perçoit des ombres. Elle ferme ses paupières pour les rouvrir aussitôt. Les ombres sont toujours là, elles se déplacent, avec grâce et légèreté. Katinka les reconnaît, tous.
- Y aura-t-il de la place pour tout le monde ? questionne l’ancêtre.
Toutes les personnes présentes regardent la matriarche en silence. Puis, avec beaucoup de douceur et de tendresse, Svetlana pose sa main sur celle de sa mère. La vieille femme la regarde, mais elle semble ailleurs, dans un autre monde, dans une autre réalité.
- Il y a de la place pour tout le monde, Mère, ne t’inquiètes pas. Tous tes amis sont les bienvenus à notre table. Personne n’a été oublié.
Comme si les paroles de sa fille l’avaient rassurée, l’aïeule s’assied enfin. Le signal est alors donné aux autres membres de la famille et tout le monde prend place. L’animation reprend, les enfants réclament à manger, le champagne est servi dans les coupes et Katinka voit ses amis, ses chers amis, s’installer parmi les autres convives. Ils sont tous là, les Romanov bien sur Nikolaï et Alexandra Feodorovna ainsi que leurs enfants Olga, Tatiana, Maria, Anastasia et Alexeï, mais aussi leur quatre fidèles domestiques : Evgueni Botkine, Anna Demidova, Ivan Kharitonov et Aloïs Troupp. Raspoutine est là, lui aussi. Ce cher Grigori. Katinka leur sourit, sincèrement reconnaissante qu’ils se soient joints à sa famille pour célébrer la nativité dans la plus pure tradition russe. Quel honneur de pouvoir les compter à sa table. La vieille femme pousse un léger soupir de contentement et elle sent alors une main qui se pose sur la sienne. Elle se tourne lentement vers la droite et découvre Sergeï, son cher, son très cher Sergeï. Le mari de Katinka la regarde avec tout l’amour qu’il lui a toujours porté. Quelques larmes roulent sur les joues de la Babouchka. Les morts ne sont pas morts. Les morts ne meurent jamais. Ils sont là, toujours. Ils vivent en nous, à travers nous et lorsque la lumière les éclaire à nouveau, une lumière d’amour comme celle qui rayonne à Noël, alors nous pouvons les voir, les inviter à notre table et partager avec eux la joie des retrouvailles.
© Marushka Tziroulnikoff - Novembre 2018

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