ET SI NOUS CESSIONS DE SUBIR ?
Observer les interactions des êtres qui m'entourent est l'une de mes grandes passions - et probablement aussi un comportement inné. Je constate qu'à travers une observation silencieuse et tranquille, sans attente de résultat et sans jugement préconçu, je recueille une myriade d'informations intéressantes.
J'ai ainsi observé et appris il y a de nombreuses années, à mes dépens, que le manipulateur était rarement celui qui pensait l'être. Bien au contraire, le manipulateur a souvent tendance à se positionner dans le rôle de la victime, il n'assume jamais la responsabilité de ce qui lui arrive et rejette la faute sur les autres ou sur les circonstances.
J'avais d’emblée été plongée dans le bain avec ma génitrice (quelle belle métaphore, n'est-ce pas ?) qui avait compris que j'étais une enfant hypersensible, potentiellement impressionnable et donc manipulable à volonté. Elle m'avait appris à me méfier de tout le monde, sauf d'elle-même. Bien sûr ! Naïve que j’étais, je croyais que toutes les mères étaient des mamans et qu’elles agissaient dans l'intérêt de leur enfant, l’aimaient et le protégeaient contre tous et contre tout. Mais la vie - et mon goût pour l'observation et l'analyse - m'ont enseigné que tel n’était pas le cas. Comportement typique du manipulateur : ma mère m’isolait des autres tandis qu’elle me dénigrait lorsque nous étions seules, me disant à quel point j'étais méchante, paresseuse et incapable, me traitant d’ égoïste lorsque je pensais à moi plutôt qu'à elle, semant en moi la peur de l’autre pour me garder sous son contrôle. J’avais 8 ans et alors que je racontais à ma mère ma dernière rencontre avec une camarade de classe, terrorrisée que je puisse être proche d’une autre personne, elle avait dit : "Tu n'as pas besoin des autres, tu m’as moi, et c'est suffisant pour toi. Tu n’as besoin de rien ni de personne d’autre que moi. Te rends-tu compte que pendant que tu t'amuses, je suis seule et je souffre ?"
Des années plus tard, quand le moment est venu de construire ma vie, comme tout le monde, j'ai inconsciemment répété le schéma du foyer dans lequel j'avais grandi, et j'ai ainsi - toujours très inconsciemment - choisi de m'unir à un homme qui agissait comme ma mère le faisait : il m’a coupée de toute amitié personnelle alors que lui les accumulait et il me dénigrait lorsque nous étions seuls. Dès le début de notre relation, ce partenaire avait semé en moi le doute à propos de ma santé mentale. En public, il m’encensait, dans le privé, il m’affirmait que j’étais dingue et que j’avais un lourd problème psychiatrique. Il a tout tenté pour me faire mettre sous médication, mais sans succès. Je me souviens de ses sourires moqueurs quand je laissais éclater ma colère, lui prouvant ainsi - comme il aimait à le dire - qu'il avait raison : j'étais complètement folle. Puis un jour, n’y tenant plus, le comportement de cet homme m'avait poussée à consulter un psychiatre puis une psychologue. Puis un autre. Puis une autre. Encore et encore. Ces rencontres m'ont permis d'approfondir ma connaissance de moi-même, de mon fonctionnement et de la nature humaine.
Au fil du temps et au vu de ces deux expériences marquantes, j'ai développé une réserve très particulière pour les personnes qui se plaignent tout le temps et qui se positionnent en victime des autres ou des événements. Comme je l'ai mentionné plus tôt, le manipulateur est rarement celui qui pense l'être. Je reste cependant profondément humaine et compatissante et je soutiens que les manipulateurs sont plus à plaindre qu'à blâmer, car je veux croire qu'ils n’ont pas conscience de ce qu'ils font et que leur comportement est un comportement défensif naturel. Mais même si je suis capable de comprendre cela, cela ne signifie pas que je valide ce comportement ni que j’accepte de le subir.
Il y a quelques années, un énième manipulateur est entré dans mon environnement physique. J'avais entamé une relation amicale avec cette personne puis un jour, sous l'effet d'un stress intense, cet individu avait révélé son vrai visage. J'avais immédiatement, et sans aucun regret ou culpabilité, coupé tout lien avec lui. Aujourd'hui, de loin, j'observe le comportement manipulateur de cette personne sur son entourage proche et moins proche. Je vous avoue que je trouve cela fascinant. Je ne comprends pas que ses victimes ne voient pas ce qu’il se joue, mais je trouve tout de même cela fascinant. Quelle intelligence perverse et inconsciente ! Oui, c’est définitivement fascinant !
Aussi sombre, difficile et insécurisant qu’ait été le début de mon parcours de vie, intimement optimiste, je me sens reconnaissante de l'avoir vécu. Alors je remercie tous les manipulateurs que j'ai rencontrés, car ils m’ont poussée à me remettre en question et à m'interroger sur les relations humaines. J’exprime également ma gratitude à tous les thérapeutes qui m’ont accompagnée et qui m’ont donné des clés pour progresser dans ma quête d’harmonie.
Prendre du recul nous permet de nous éloigner d'un danger et ainsi de le voir sous un autre angle. Quand nous changeons notre perspective sur une personne ou une situation, nous devenons alors capables de changer notre comportement en prenant des actions plus adaptées à nos besoins fondamentaux de sécurité. Prendre du recul par rapport aux événements externes qui marquent notre vie et plonger dans nos émotions, nos blessures et notre système de croyances est le seul moyen de cesser de subir sa vie pour tenir le premier rôle à part entière de celle-ci.
© Le Verbe Guérisseur - Marushka Tziroulnikova
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J'ai ainsi observé et appris il y a de nombreuses années, à mes dépens, que le manipulateur était rarement celui qui pensait l'être. Bien au contraire, le manipulateur a souvent tendance à se positionner dans le rôle de la victime, il n'assume jamais la responsabilité de ce qui lui arrive et rejette la faute sur les autres ou sur les circonstances.
J'avais d’emblée été plongée dans le bain avec ma génitrice (quelle belle métaphore, n'est-ce pas ?) qui avait compris que j'étais une enfant hypersensible, potentiellement impressionnable et donc manipulable à volonté. Elle m'avait appris à me méfier de tout le monde, sauf d'elle-même. Bien sûr ! Naïve que j’étais, je croyais que toutes les mères étaient des mamans et qu’elles agissaient dans l'intérêt de leur enfant, l’aimaient et le protégeaient contre tous et contre tout. Mais la vie - et mon goût pour l'observation et l'analyse - m'ont enseigné que tel n’était pas le cas. Comportement typique du manipulateur : ma mère m’isolait des autres tandis qu’elle me dénigrait lorsque nous étions seules, me disant à quel point j'étais méchante, paresseuse et incapable, me traitant d’ égoïste lorsque je pensais à moi plutôt qu'à elle, semant en moi la peur de l’autre pour me garder sous son contrôle. J’avais 8 ans et alors que je racontais à ma mère ma dernière rencontre avec une camarade de classe, terrorrisée que je puisse être proche d’une autre personne, elle avait dit : "Tu n'as pas besoin des autres, tu m’as moi, et c'est suffisant pour toi. Tu n’as besoin de rien ni de personne d’autre que moi. Te rends-tu compte que pendant que tu t'amuses, je suis seule et je souffre ?"
Des années plus tard, quand le moment est venu de construire ma vie, comme tout le monde, j'ai inconsciemment répété le schéma du foyer dans lequel j'avais grandi, et j'ai ainsi - toujours très inconsciemment - choisi de m'unir à un homme qui agissait comme ma mère le faisait : il m’a coupée de toute amitié personnelle alors que lui les accumulait et il me dénigrait lorsque nous étions seuls. Dès le début de notre relation, ce partenaire avait semé en moi le doute à propos de ma santé mentale. En public, il m’encensait, dans le privé, il m’affirmait que j’étais dingue et que j’avais un lourd problème psychiatrique. Il a tout tenté pour me faire mettre sous médication, mais sans succès. Je me souviens de ses sourires moqueurs quand je laissais éclater ma colère, lui prouvant ainsi - comme il aimait à le dire - qu'il avait raison : j'étais complètement folle. Puis un jour, n’y tenant plus, le comportement de cet homme m'avait poussée à consulter un psychiatre puis une psychologue. Puis un autre. Puis une autre. Encore et encore. Ces rencontres m'ont permis d'approfondir ma connaissance de moi-même, de mon fonctionnement et de la nature humaine.
Au fil du temps et au vu de ces deux expériences marquantes, j'ai développé une réserve très particulière pour les personnes qui se plaignent tout le temps et qui se positionnent en victime des autres ou des événements. Comme je l'ai mentionné plus tôt, le manipulateur est rarement celui qui pense l'être. Je reste cependant profondément humaine et compatissante et je soutiens que les manipulateurs sont plus à plaindre qu'à blâmer, car je veux croire qu'ils n’ont pas conscience de ce qu'ils font et que leur comportement est un comportement défensif naturel. Mais même si je suis capable de comprendre cela, cela ne signifie pas que je valide ce comportement ni que j’accepte de le subir.
Il y a quelques années, un énième manipulateur est entré dans mon environnement physique. J'avais entamé une relation amicale avec cette personne puis un jour, sous l'effet d'un stress intense, cet individu avait révélé son vrai visage. J'avais immédiatement, et sans aucun regret ou culpabilité, coupé tout lien avec lui. Aujourd'hui, de loin, j'observe le comportement manipulateur de cette personne sur son entourage proche et moins proche. Je vous avoue que je trouve cela fascinant. Je ne comprends pas que ses victimes ne voient pas ce qu’il se joue, mais je trouve tout de même cela fascinant. Quelle intelligence perverse et inconsciente ! Oui, c’est définitivement fascinant !
Aussi sombre, difficile et insécurisant qu’ait été le début de mon parcours de vie, intimement optimiste, je me sens reconnaissante de l'avoir vécu. Alors je remercie tous les manipulateurs que j'ai rencontrés, car ils m’ont poussée à me remettre en question et à m'interroger sur les relations humaines. J’exprime également ma gratitude à tous les thérapeutes qui m’ont accompagnée et qui m’ont donné des clés pour progresser dans ma quête d’harmonie.
Prendre du recul nous permet de nous éloigner d'un danger et ainsi de le voir sous un autre angle. Quand nous changeons notre perspective sur une personne ou une situation, nous devenons alors capables de changer notre comportement en prenant des actions plus adaptées à nos besoins fondamentaux de sécurité. Prendre du recul par rapport aux événements externes qui marquent notre vie et plonger dans nos émotions, nos blessures et notre système de croyances est le seul moyen de cesser de subir sa vie pour tenir le premier rôle à part entière de celle-ci.
© Le Verbe Guérisseur - Marushka Tziroulnikova
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