LA BÊTISE HUMAINE
- Mon voisin est un con !
L’exclamation claque dans le silence de la salle d’attente et fait sursauter tous ses occupants. L’homme qui a prononcé ces mots, satisfait de l’effet qu’il a produit, laisse aller son dos contre le dossier de sa chaise et croise ses doigts en posant ses mains sur son gros ventre. Un sourire se dessine sur son visage. Il se tourne vers la femme assise à sa gauche.
- Mon voisin est un con, Madame.
La femme interpellée, ne sachant comment réagir, se recroqueville sur sa chaise et plonge son nez plus profondément dans le magazine ouvert qu’elle tient entre ses mains. À la voir ainsi, on se dit aisément qu’elle aimerait bien avoir le pouvoir de disparaître à jamais ou tout du moins, qu’elle aimerait être ailleurs. Mais l’homme ne se laisse pas démonter et il poursuit en s’adressant toujours à elle :
- Je sais bien que personne n’assume ce qu’il pense ! Mais moi, j’ose dire tout haut ce que tout le monde sait déjà. Et je n’en ai pas honte ! Mon voisin est un con, c’est un fait ! Le dire ou le taire ne changera pas son état.
L’homme s’anime à nouveau. Il fait chaud dans la pièce et le ventilateur peine à rafraîchir l’ambiance suffocante du lieu. Le soleil darde ses rayons sur la baie vitrée. Une grosse mouche se tape régulièrement contre la vitre, s’obstinant à vouloir traverser le verre pour s’échapper. De grosses gouttes de sueur perlent au front de l’homme. Il sort un mouchoir déjà trempé de la poche de son veston et tente vainement de les éponger. Ses gestes lui demandent un tel effort qu’il sue d’autant plus et des sillons de liquide s’écoulent maintenant sur ses joues, glissent rapidement vers son menton pour finir quelques centimètres plus bas, sur sa chemise. L’homme est si gros que le moindre de ses mouvements fait grincer la pauvre chaise qui le supporte encore, mais pour combien de temps ?
Il bougonne :
- Mon voisin est un con ! Un véritable con ! Rien n’y personne ne peut changer quoi que ce soit à cette évidence. C’est un fait et puis c’est tout.
Mais alors que personne ne valide ou n’invalide son propos, l’obèse se tourne vers la droite et voyant son reflet dans le miroir, il lui clame :
- N’est-ce pas, Monsieur, que vous êtes un con ?
© Marushka Tziroulnikoff - Juin 2018
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L’exclamation claque dans le silence de la salle d’attente et fait sursauter tous ses occupants. L’homme qui a prononcé ces mots, satisfait de l’effet qu’il a produit, laisse aller son dos contre le dossier de sa chaise et croise ses doigts en posant ses mains sur son gros ventre. Un sourire se dessine sur son visage. Il se tourne vers la femme assise à sa gauche.
- Mon voisin est un con, Madame.
La femme interpellée, ne sachant comment réagir, se recroqueville sur sa chaise et plonge son nez plus profondément dans le magazine ouvert qu’elle tient entre ses mains. À la voir ainsi, on se dit aisément qu’elle aimerait bien avoir le pouvoir de disparaître à jamais ou tout du moins, qu’elle aimerait être ailleurs. Mais l’homme ne se laisse pas démonter et il poursuit en s’adressant toujours à elle :
- Je sais bien que personne n’assume ce qu’il pense ! Mais moi, j’ose dire tout haut ce que tout le monde sait déjà. Et je n’en ai pas honte ! Mon voisin est un con, c’est un fait ! Le dire ou le taire ne changera pas son état.
L’homme s’anime à nouveau. Il fait chaud dans la pièce et le ventilateur peine à rafraîchir l’ambiance suffocante du lieu. Le soleil darde ses rayons sur la baie vitrée. Une grosse mouche se tape régulièrement contre la vitre, s’obstinant à vouloir traverser le verre pour s’échapper. De grosses gouttes de sueur perlent au front de l’homme. Il sort un mouchoir déjà trempé de la poche de son veston et tente vainement de les éponger. Ses gestes lui demandent un tel effort qu’il sue d’autant plus et des sillons de liquide s’écoulent maintenant sur ses joues, glissent rapidement vers son menton pour finir quelques centimètres plus bas, sur sa chemise. L’homme est si gros que le moindre de ses mouvements fait grincer la pauvre chaise qui le supporte encore, mais pour combien de temps ?
Il bougonne :
- Mon voisin est un con ! Un véritable con ! Rien n’y personne ne peut changer quoi que ce soit à cette évidence. C’est un fait et puis c’est tout.
Mais alors que personne ne valide ou n’invalide son propos, l’obèse se tourne vers la droite et voyant son reflet dans le miroir, il lui clame :
- N’est-ce pas, Monsieur, que vous êtes un con ?
© Marushka Tziroulnikoff - Juin 2018
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